Anke de Vries – Pour créer un collage je laisse décider mon inconscient !

SOUSPIERRE

La plupart des gens ne savent pas que la France avec ses 36000 communes pour une population de 65 millions d’habitants détient le record européen du nombre de municipalités. L’Allemagne avec ses 12000 pour une population de 82 millions traîne loin derrière comme aussi l’Italie avec 8000 pour 60 millions. Souspierre est une des 267 communes de la Drôme Provençale et incontestablement parmi les plus petites. Ces chiffres sont révélateurs en ce qu’ils montrent les rapports très étroits qu’entretiennent les résidents avec leurs administrateurs, en particulier  lorsque comme à Souspierre les affaires de chaque habitant deviennent les affaires et les soucis de tous. Le village ne  compte qu’ une centaine d’âmes – une de plus s’il y a une naissance, une de moins en cas d’un décès sans compter les années lorsque l’une vient remplacer l’autre. C’est donc une communauté ayant des liens étroits  avec un maire qui porte l’écharpe tricolore lorsqu’il officie, neuf conseillers municipaux et quand il y des affaires importantes inscrites à l’agenda le nombre d’assistants aux réunions municipales peut s’élever à une quinzaine de résidents intéressés,  venus pour en débattre après la clôture de la séance officielle.

Le village de Souspierre est situé dans une très belle petite vallée contenue entre de hautes falaises en pierre calcaire richement sculptées par le temps et une colline plus basse où Anke de Vries a sa maison et son atelier. « Tous les jours en me levant j’ai une vue spectaculaire sur les falaises et notre petit village avec l’église Saint Sébastien derrière lesquels le paysage s’élargit. Plus loin j’aperçois le mont Rachas qui s’élève à 900 mètres et si je me tourne vers l’est, c’est la longue rangée de collines qui s’étendent jusqu’au Rhône, à une vingtaine de kilomètres. Ce panorama si varié me rend heureuse et me donne envie de créer quelque chose de beau. »

Anke de Vries a quitté sa Hollande natale pour venir s’installer à Souspierre avec son mari peintre Laurent Félix-Faure en 2001. Elle accueille volontiers sur rendez-vous des visteurs dans son atelier.

ANKE DE VRIES

A 17 ans Anke de Vries aurait voulu s’inscrire à l’école des beaux arts de la ville voisine de Arnhem, aux Pays Bas son pays d’origine. C’était à l’époque où « ça ne se faisait pas » pour une jeune fille et finalement les circonstances l’en empêcheront. Mais son intérêt pour l’art ou comme elle le dit souvent,  « le besoin de créer quelque chose de mes mains » persista. Elle se maria, éleva trois enfants et se mit à écrire pour devenir un auteur à succès de livres d’enfants et pour jeunes adultes avec 75 titres à son nom et des traductions en 15 langues. Cependant, en guise de réponse au dicton néerlandais « le sang coulera  toujours là où il ne peut aller »  Anke de Vries qui avait des fourmillements dans les doigts se mit à faire des collages. Elle n’avait aucune formation formelle, ne souhaitait pas vraiment qu’on lui dise comment il fallait  s’y prendre mais l’artiste en elle fera de sorte qu’elle réalisera des collages d’une grande originalité  possédant une forme d’intimité  qui retiendra immédiatement l’attention des amateurs. Aujourd’hui, après être devenue un auteur connu, Anke de Vries  se lance sur une nouvelle voie artistique et passe des heures dans la cabane en bois sur sa propriété à faire des « Collages. »”

Pourquoi des collages et pas des dessins, des peintures à l’huile ou des sculptures?

« Je n’en sais rien. Lorsque j’étais une petite fille, je passais des heures à habiller une poupée avec des robes en papier qu’il fallait découper. Mes premiers collages en somme! Ensuite, plus tard, je faisais moi-même mes robes et puis celles de mes filles. J’aime bien la couture mais je suis tout aussi heureuse de fouiner dans une quincaillerie que dans une boutique de mode car j’aime bien bricoler chez moi. Le pas à franchir pour me mettre à faire des collages n’était donc pas si grand. »

 

Peux-tu décrire comment tu t’y prends pour réaliser un collage?

Avant tout, le chaos! Mes tiroirs débordent de papiers déchirés et de coupures extraites de magazines et de journaux. Armée de ciseaux, je me jette littéralement sur de vieux magazines d’art et, en un rien de temps, les œuvres de Picasso et Matisse sont irrémédiablement mutilées. Je collectionne aussi toutes sortes de matériaux, comme des morceaux de bois, de la ficelle, des étoffes, de l’écorce, etc. qui attendent de trouver une place dans un collage. A portée de main, j’ai toujours des pastels, des crayons de cire, de l’encre, des tubes d’acrylique pour colorer mes fonds en y ajoutant souvent des éléments graphiques. Rassembler tous ces éléments pour aboutir à une composition cohérente demande souvent un travail de longue haleine, même pour les collages de petit format. Il faut y mettre beaucoup de concentration, ce qui me laisse parfois épuisée. Lorsque j’entame un travail, je n’ai pas de but précis; quelques coupures dont les formes me plaisent suffisent. Ensuite, un peu comme j’écris mes livres, je laisse à mon inconscient le soin de décider du cours à suivre. S’il fait bien son travail et qu’il n’y a plus rien à ajouter il m’arrive d’être envahie par le sentiment grisant d’avoir exprimé quelque chose  que je portais au fond de moi. C’est j’imagine, à ces moments là, que la dopamine atteint des sommets dans mon cerveau. Je n’ai pas besoin de drogue, un collage suffit!

 

Y-a-t-il des artistes qui ont une influence sur ton travail?

Oui et non. Ceux, aussi bien morts que vivants, que j’admire sont très nombreux et rien ne me fait davantage plaisir que de regarder leur travail. Je dévore les livres d’art et j’aime visiter les musées. Inconsciemment sans doute j’absorbe ce que je vois. En revanche, il ne m’est jamais venu à l’esprit de copier des artistes et je déteste qu’on me dise ce que je dois faire ou suivre des exemples précis. Pour moi, chercher et trouver moi-même est essentiel et participe du processus créatif. Ceci dit, il y a une quantité d’artistes dont j’aime particulièrement le travail. L’artiste Dada Suisse allemand , Kurt Schwitters est une référence incontournable lorsqu’il s’agit de collages et d’autres comme Matisse pour son jeu de couleurs, il y a la gaité de l’Espagnol Miro ou encore Buri l’Italien qui fascine en lacérant ses toiles ou en brûlant des trous noirs dans du plastic. J’aime beaucoup aussi l’art africain ou encore le travail tout en finesse du Suisse allemand Paul Klee.

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Site web 

Gallerie Craft espace

Livres de Anke de Vries (in Dutch)

Interview avec Anke de Vries (en hollandais)

 

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