Coquelicot d’après Irving Penn – 40 cm x 40 cm, huile

J’aime ce nom qui vient d’« ailleurs » et donne envie de connaître la personne qui le porte. Roswitha Lanquetin est originaire d’Allemagne où elle travaillait dans l’éducation. Plus tard elle voyagera à travers le monde et elle peut aujourd’hui se pencher sur un riche passé plein d’évènements et d’expériences qui la mèneront notamment à découvrir UNIPAZ. Nous l’avons rencontrée grâce à une initiative qui touche à l’art et nous sommes devenus amis. Avec Anke, en effet, nous avons décidé que dorénavant nos œuvres tout en nous procurant le plaisir de la création pourraient en même temps servir, en offrant le produit de leur vente, à une bonne cause.

Champs d’iris – 80 cm x 60 cm, huile sur papier

C’est ainsi que l’année dernière nous avons organisé une exposition pour Handicap International. Cette année nous optons pour UNIPAZ, une organisation dont le but est d’œuvrer pour la paix. Un tel objectif peut paraître utopique aujourd’hui – mais les idées ont des jambes – et on ne sait jamais si celui d’UNIPAZ ne finira pas par se réaliser. En tout cas, pour Anke et pour moi y apporter une modeste contribution en vaut largement la peine. C’est Roswitha qui coordonne les activités d’UNIPAZ. Elle habite Dieulefit et elle est soutenue par un groupe de partenaires enthousiastes et convaincus. Les 27, 28 et 29 septembre UNIPAZ organise dans la Halle de Dieulefit un Festival de la Paix sur le thème « La paix en œuvre ».

Iris orange – 80 cm x 80 cm, huile

Nous ferons, Anke et moi, en parallèle, une exposition de soutien au travail d’UNIPAZ sous l’intitulé « l’Art au service de la paix » du 14 au 29 septembre dans la galerie Craft dans la rue principale de Dieulefit, la rue du Bourg. Comme Roswitha pratique aussi la peinture, le moment me paraissait opportun, en amont du Festival, d’enrichir nos connaissances sur UNIPAZ mais aussi sur ses propres activités artistiques.

Quelques informations préliminaires sur UNIPAZ

L’idée qui sous-tend UNIPAZ est celle, selon laquelle les êtres humains ont dès leur naissance les capacités et les ressources pour vivre en paix. C’est difficilement imaginable pour qui a quelques notions d’histoire et observe ce qui se passe dans le monde d’aujourd’hui. Un philosophe, dont j’ai oublié le nom, à qui l’on demandait de nommer un synonyme de la vie, n’a-t-il pas répondu : « la guerre » ! Cela montre, à quel point nos références se nourrissent des mémoires du passé. Si nous continuons comme nous l’avons toujours fait, nous obtiendrons les mêmes résultats : la guerre et la violence. Aujourd’hui, il est grand temps de prendre la décision courageuse de changer, car la dévastation de la planète menace la survie de l’humanité. Il est audacieux, pour ne pas dire révolutionnaire de penser que nous pouvons briser le cercle vicieux de la destruction et créer un monde plus juste, plus respectueux, plus joyeux aussi.

Le Chant des anémones – 50 cm X 50 cm, huile

Les partisans d’UNIPAZ sont convaincus que vivre en paix s’apprend et se prépare en s’entraînant. Tel un sportif ou un musicien chacun peut développer ses propres capacités de paix. Cela demande des connaissances et un bon entraînement accompagné d’un coach et d’une équipe. C’est ce qu’UNIPAZ essaie de pratiquer et de transmettre. Notre société a besoin de citoyens pacifiés, empathiques, qui font office de médiateurs dans une société déchirée qui court à sa perte.

Alors, pourquoi ne pas faire autrement ? L’apprentissage de la paix en utilisant le conflit pour le dépasser.  C’est un travail bien plus difficile que de se faire la guerre. Cette philosophie originale est à la base de la fondation de l’université UNIPAZ au Brésil par Pierre Weil (1924-2008), un psychologue français connu au Brésil, auteur de nombreux ouvrages académiques en langue portugaise dont un certain nombre ont été traduits en français.

Paysage étrange – 100 cm x 100 cm, acrylique

Après avoir effectué des recherches exhaustives sur les traditions de sagesse en Orient et en les accordant avec les connaissances acquises grâce aux sciences modernes en Occident, il concevra une méthode d’enseignement visant à développer la paix en soi et avec les autres, en harmonie avec la nature. Pierre Weil, fondateur et recteur de l’université pour la paix à Brasilia obtiendra en 2000 la reconnaissance de l’universalité de ses idées en recevant des mains du Directeur général de l’UNESCO une mention honorable pour sa contribution à l’éducation et à la culture de la paix. Pour réaliser cette démarche de construction de la paix, UNIPAZ propose un enseignement qui comprend l’organisation d’ateliers, de conférences et d’évènements.  On y aborde des sujets qui permettent d’explorer et de développer individuellement et collectivement une culture de paix et de non-violence favorisant le dialogue, la compréhension mutuelle et la coopération.  Comme disait Pierre Weil :« Si tu veux la paix, prépare la paix ! »

L’art au service de la paix ?

Comme la plupart des êtres créateurs Roswitha a plus d’une corde à son arc, dont celle de la peinture qu’elle pratique avec talent et bonheur. Son atelier, chez elle, est plein de lumière comme le sont ses tableaux. Quand je regarde son travail j’ai l’impression qu’elle veut avant tout privilégier tout ce qui est beau dans la vie. Je ne la vois pas non plus s’attarder sur des sujets sombres et encore moins violents. Elle met beaucoup de couleur dans ses tableaux où elle déverse toute sa force et son énergie. Roswitha m’a également montré ses carnets d’esquisses. Je suis toujours attentif à ces annotations rapides et sans contraintes d’artistes car elles sont souvent plus révélatrices que leurs œuvres achevées, susceptibles de perdre de leur spontanéité en cours de route.  Ce sont de merveilleux vecteurs de transmission de l’immédiat. Chez Roswitha, les personnages croqués sur le vif, souvent avec humour, comme des instantanés de la vie, dénotent son empathie et son sens aigu de l’observation. En même temps ils en disent long sur la façon dont elle perçoit le monde et ses semblables.

Sur ses moments de création elle dit : « Je suis heureuse quand je capte le mystère du moment. Cet insaisissable qui passe en une fraction de seconde et qui me caresse avec ses ailes comme dans un jeu de cache-cache.  Cette sensation peut être provoquée par un chant d’oiseau, une formation de nuages ou par le mistral qui fait claquer les feuilles des peupliers me rappelant les vagues de l’océan. La beauté de la création me transporte vers un ailleurs, je me sens « Rose de Vie ».

Rêve nocturne – 80 cm x 40 cm, acrylique et huile

« C’est dans les moments de silence que ces moments délicieux surviennent, quand je prends le temps à ne RIEN faire et TOUT ressentir.  Quel bonheur de recevoir les cadeaux du monde extérieur par des sensations qui se transforment ensuite en un processus alchimique dans mon creuset intérieur : une musique appelle à la danse des couleurs. Je suis saisie par un élan d’inspiration qui me dépasse et qui demande d’être vécu sur le champ. Je laisse tout tomber, il n’y a rien de plus important maintenant. J’oublie le temps qui passe, rien d’autre n’existe, c’est la VIE pure, l’extase. Ce qui arrive sur la toile ne m’appartient pas et m’étonne. Il y a un va et vient entre la toile, mes yeux et mon ressenti, une danse que je veux maintenir le plus longtemps possible car je sais qu’elle va s’estomper.

Printemps – 100 cm x 120 cm, acrylique et huile

Le processus de création est une transfiguration du Vivant dont je fais partie, et que j’essaie d’honorer du mieux que je peux avec ma palette et mes pinceaux. Souvent je me sens en parfaite concordance avec le monde, parfois cela ressemble aux douleurs du travail d’accouchement. Mais quelle joie d’être engagée dans le processus d’accoucher l’œuvre !

Tout peut devenir création lorsque l’esprit est ouvert, c’est un art de vivre qui aboutit à un état de plénitude. Cet art-là peut sauver le monde. »  

Roswitha ou Rose de Vie

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